Chapitre 3

 

J’atterris violemment sur le sol de marbre de la salle du trône. Je ne me fis pas mal, ce que je regrettai. Je heurtai même le sol du poing en espérant un élancement de douleur qui chasserait la fureur de mon cerveau, mais ma main se contenta de rebondir comme si j’avais frappé un oreiller.

Je me relevai tant bien que mal. La deuxième Parque me regardait.

— Renvoyez-moi là-bas, dis-je.

— Eve, vous…

— Renvoyez-moi là-bas tout de suite ! Vous ne pouvez pas me montrer ça et ensuite m’arracher de là avant que je puisse agir.

— Vous ne pouvez rien y faire, dit-elle doucement. C’est terminé. Depuis longtemps. Ce que vous avez vu était un souvenir.

Je me frottai le visage. Un souvenir. Un aperçu du passé. Je regardai fixement le mur blanc et le laissai me vider l’esprit. J’ignorais totalement qui étaient ces gens. De toute évidence, des tueurs en série, sans doute tristement célèbres, mais je ne m’étais jamais intéressée à ces choses-là. Dans mon univers, les tueurs dont je devais m’inquiéter étaient ceux qui figuraient dans mon petit livre noir, pas ceux du journal télévisé.

Quand je levai les yeux, l’aînée des Parques se trouvait au rouet et je m’attendais à la voir me sauter dessus pour exiger une réponse. Mais elle ne leva même pas les yeux. Elle se contenta de trancher le morceau de fil que la deuxième Parque avait mesuré pour elle, puis de le tendre à un ecto-fonctionnaire. L’enfant Parque prit le relais et installa du fil sur le rouet. Elle leva les yeux pour croiser mon regard, puis s’empressa de les baisser.

Quel était donc le lien entre ces deux séries de meurtres ? S’agissait-il d’ailleurs de deux séries distinctes ? Un seul esprit avait disparu des enfers. Deux femmes, d’apparence similaire, tuaient des adolescents. Il devait s’agir de la même personne. Aux yeux des humains, ce serait impossible, mais les esprits surnaturels sont davantage ouverts aux autres possibilités.

Je savais qu’il me fallait les passer en revue et choisir la plus probable afin d’impressionner les Parques par ma sidérante capacité de déduction. Je le savais… et pourtant, je crachai la première réponse qui me traversa l’esprit.

— Vampire, dis-je.

La plus jeune des Parques me regarda par-dessus le rouet, le visage plissé en une expression que toutes les mères reconnaissaient comme signifiant « hein ? »

— Deux séries de meurtres commis par la même femme, qui ne vieillit pas entre l’époque des coiffures atroces et des minijupes et celle, eh bien, des coiffures atroces et minijupes. Ce sont des modes similaires, mais il y a un intervalle de vingt-cinq, trente ans entre les deux, sans qu’elle prenne une ride. Il doit s’agir d’un vampire. La plupart s’en tiennent à leur quota de meurtres nécessaires mais il y en a toujours qui y prennent goût et…

La vieillarde la remplaça.

— Ce n’est pas un vampire, Eve. Nous avons nos propres moyens de nous occuper des esprits vampires, comme vous le sauriez si vous vous intéressiez un tant soit peu au monde qui vous entoure. Essayez autre chose.

Les yeux vifs de la vieille Parque m’épinglèrent comme un papillon à un coussin. À l’école, j’éprouvais très peu de respect pour mes professeurs, et pour les adultes en général. Il n’y avait qu’une seule prof qui arrivait à me mettre mal à l’aise. En sixième. Mme Appleton, le genre de vieille femme revêche dont le regard seul suffit à saper toute votre assurance, qui donne toujours l’impression de ne pas attendre grand-chose de vous et de n’être jamais déçue sur ce point. La vieille Parque avait exactement cette expression-là.

— Ah, je, eh bien… (Je me redressai.) Bon, d’accord, je ne m’y connais pas beaucoup en voyages dans le temps… (je croisai son regard) mais je sais que ce n’est pas de ça qu’il s’agit ici. Donc, l’explication doit être…

J’étudiai son regard. Aucun indice. Autant continuer à improviser.

— La réincarnation, dis-je.

La vieillarde redevint la femme d’âge mûr.

— Que savez-vous sur le sujet, Eve ?

Nouvelle transformation éclair, puis la vieille femme intervint.

— Pas assez, si l’on considère qu’elle est ici depuis trois ans. (Elle me regarda d’un seul œil, fermant l’autre.) Eh bien ? Je vous écoute. Tout ce que vous savez sur la réincarnation. Ça devrait bien nous prendre de cinq à dix secondes.

— Je sais que c’est possible, répondis-je. Rare, mais possible.

— Trois secondes ? Je vous ai encore surestimée.

La deuxième Parque apparut.

— Oui, c’est rare, Eve. Très rare. Ce n’est autorisé que dans des circonstances particulières, lorsqu’un esprit remplit certains critères qui poussent le Créateur à décider que l’âme doit se voir accorder une deuxième chance de vivre.

La vieille Parque l’interrompit.

— Et assassiner des enfants n’en fait pas partie.

Cette fois encore, la deuxième Parque repoussa sa sœur.

— La créature que nous voulons que vous trouviez s’appelle une nixe. Vous savez ce que c’est ?

Je m’attendais à ce que la sorcière réapparaisse pour m’asticoter, mais elle n’en fit rien.

— Des semi-démons, dis-je lentement tandis que ma mémoire s’entrouvrait en grinçant. Dans le folklore allemand, les nixes sont des esprits tentateurs malfaisants. Un mélange entre une sirène, un diablotin et Mae West.

— Ça, c’est la version mythique, répondit-elle. Et la réalité ?

— Je… ne sais pas trop. Je n’en ai jamais croisé, et je ne connais personne qui l’ait fait. (Je me concentrai, puis secouai la tête.) Je ne me rappelle pas avoir lu de références à une version réelle.

— Sans doute parce qu’il s’agit d’un savoir obscur. Dans le folklore, comme vous le dites, elles sont considérées comme des esprits malfaisants, des fées aquatiques, en réalité…

La Parque me livra une version condensée de la mythologie sur les nixes Certains humains croient qu’il s’agit de sirènes qui attirent les humains vers la noyade. En d’autres termes, c’était une excuse pour les idiots qui s’aventuraient en eau profonde et découvraient qu’ils ne savaient pas nager. Les nixes mythologiques étaient à la fois mâles et femelles, mais les femelles étaient plus douées pour capturer leurs victimes, peut-être parce que les mecs sont plus du genre à se planter sur une rive en braillant : « Hé, regardez-moi ce plongeon ! »

En réalité, les nixes n’ont rien à voir avec l’eau. Quand les folkloristes du temps passé ont appris que les nixes étaient des tentatrices, ils avaient dû tirer la conclusion qu’il s’agissait d’une sorte de sirène. Par ailleurs, les nixes sont tous de sexe féminin… ou du moins, c’est la forme sous laquelle ils se manifestent, tout comme les démons se manifestent sous forme masculine. C’est sans doute davantage un choix esthétique qu’une différence de sexe. Et enfin, les nixes n’étaient même pas vraiment des tentatrices. En réalité, les gens qui les recherchent sont déjà tentés – par la fortune, le pouvoir ou le sexe – et cherchent un raccourci pour les obtenir. Ce que fournissent les nixes, c’est la résolution nécessaire pour accomplir des actes qu’il leur manque le courage de mettre en œuvre, le meurtre étant le plus courant.

— D’accord, répondis-je quand elle en eut fini. Les nixes aident les gens à tuer, et les scènes que vous m’avez montrées sont de toute évidence des meurtres, mais où est le lien ? Ces femmes étaient humaines. Comment auraient-elles pu faire apparaître une nixe ? Et même si elles y étaient parvenues, vous ne pouvez pas me demander de pourchasser une nixe. Ce sont des semi-démons, pas des fantômes, donc elles ne peuvent pas se trouver dans l’un de vos enfers.

La plus jeune Parque m’interrompit.

— Ne vous en faites pas. Nous ne pensions pas que vous verriez le lien. Tout ça est très étrange. (Elle se pencha pour me regarder par-delà le rouet, les yeux scintillant.) Voyez-vous, ce qui s’est produit…

La deuxième sœur la remplaça.

— Cette nixe-là est très différente de ses sœurs. Au XVIIe siècle, elle a conclu un pacte avec une sorcière qui voulait la mort de son père.

— Et lui a donné le cran de passer à l’acte.

— C’est le processus habituel. Toutefois, dans ce cas précis, ça n’a pas marché. Le pouvoir d’une nixe comporte une limite capitale : elle ne peut pas obliger quelqu’un à tuer. La volonté et l’intention doivent toujours être présentes. Une volonté et une intention conscientes. Cette sorcière était partagée au sujet du meurtre. Mais les nixes se nourrissent du chaos et n’apprécient guère qu’on les appelle sans leur fournir cette récompense finale, si bien que la nixe a émis une suggestion. Elle lui a indiqué où trouver un sortilège qui lui permettrait de prendre possession du corps de cette sorcière, de façon temporaire, pour commettre l’acte elle-même. La sorcière a accepté et la nixe…

La fillette apparut subitement, bouillonnant de l’enthousiasme d’une enfant qui doit absolument raconter la fin de l’histoire.

— … elle prend le contrôle de cette femme et tue son père. Ensuite, elle est censée lui rendre son corps. Sauf qu’elle ne le fait pas. Elle s’en sert pour provoquer toutes sortes de catastrophes.

La deuxième sœur prit le relais.

— Et beaucoup de gens sont morts… y compris la nixe elle-même, en fin de compte. Prise au piège d’un corps physique, elle a connu une mort physique. Comme elle occupait le corps d’une sorcière, elle a été conduite ici, dans les royaumes surnaturels. Bien que nous ne soyons pas équipés pour gérer un semi-démon, nous avons réussi à la piéger dans une dimension démoniaque. Pendant quelque temps.

— Elle s’est échappée.

— Ce qui pose de sérieux problèmes, car cette nixe ne parcourt pas le monde sous forme spirituelle. Pour avoir habité une fois un corps humain, elle peut désormais le faire à volonté.

— Donc le lien est là. Ce n’est pas la même femme. C’est la même nixe possédant plusieurs femmes. Elle prend le contrôle de leur corps…

— Pas exactement. En tant qu’esprit mort, elle ne peut plus contrôler pleinement un corps vivant. Il lui faut désormais cohabiter, leur donner la volonté d’accomplir leurs désirs.

— Donc elle ne se précipite pas à l’intérieur de femmes innocentes pour les transformer en tueuses sans pitié. Est-ce que ces hôtes sont toujours de sexe féminin ?

La Parque hocha la tête.

— Comme c’était le cas du premier hôte qu’elle a occupé, elle y est désormais limitée.

Je marquai une pause.

— Si vous en savez tant sur son mode opératoire, j’imagine qu’elle est en liberté depuis un bail.

— Un peu plus de cent ans.

— Ah. J’en déduis que je ne dois pas être la première que vous envoyez à sa poursuite.

— Trois autres vous ont précédée. Nous avons tenté trois approches différentes avec divers degrés de succès. Les trois… se sont mal terminées.

— Qu’est-ce qu’elle leur a fait ?

La plus jeune Parque apparut, hilare.

— C’est sa première question, et elle pose celle qu’aucune des trois autres n’a même envisagée. Quand on leur a dit que les autres avaient échoué, elles ont seulement demandé comment la nixe s’était échappée. C’est ce qu’elles ont supposé : qu’elle leur avait filé entre les doigts et qu’elle s’était enfuie. Mais vous avez deviné que non.

— Simple question de bon sens. Le meilleur moyen de ne plus être pourchassé, c’est de neutraliser votre poursuivant. Mais ça pose problème ici, n’est-ce pas ? On ne peut pas tuer un fantôme. Ni même lui faire du mal. Alors comment peut-on bien l’obliger à cesser de vous poursuivre ?

La deuxième Parque prit le relais.

— Il existe bien pire que la torture physique.

— Pas si on s’y prend bien.

L’aînée apparut, une expression mauvaise déjà en place.

— Vous avez toujours réponse à tout, n’est-ce pas ?

— Non, je faisais simplement remarquer…

— Vous voulez savoir ce qu’elle a fait à l’un de vos prédécesseurs, Eve ? Je vais vous le montrer.

Femmes De L'autremonde, Tome 5
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